Rêveries lacustres à Neuchâtel

Adossée à l’arc du Jura, Neuchâtel borde le plus grand lac entièrement suisse. Pleine de charme, la cité elle-même vit, vibre et se reflète dans les eaux bleu acier d’une étendue changeante, oscillant du rose auroral aux rouges flamboyants des vêpres sonnantes. A toute heure, la rétine nonchalante ou méditative s’y mire à loisir. A moins de quatre heures de Paris, Neuchâtel rivalise d’arguments pour devenir le point de chute de charme de nos week-ends lacustres. Les maisons qui allient histoire et contemporanéité avec justesse n’ont pas besoin d’artifice pour séduire ; l’association « Relais et Château » ne s’y est pas trompée en ajoutant en 2011 l’hôtel Beau-Rivage de Neuchâtel à son exigeant palmarès. Ici, on se sent immédiatement à l’aise, prêts à se détendre, délicieusement coupable de cette paresse qui semble soudain nous étreindre.

Peu d’endroits jouissent d’une proximité si immédiate avec la beauté altière d’une chaîne de montagnes découpant l’horizon, plongeant à loisir ses flancs dans l’onde tranquille ou se haussant du col jusqu’au ciel. L’envie de flâner devant les vues panoramiques des chambres, dans les couloirs feutrés, dans le bar qui sait accueillir toutes nos humeurs s’emparent subrepticement de chaque hôte de passage. Si l’élégance du bâti date de 1862, les soixante-six chambres récemment rénovées, spacieuses et harmonieuses, sont toujours pensées avec un goût discret, un souci attentif à chaque détail ; elles se refusent à la surenchère inutile mais sont intransigeantes sur l’essentiel. La literie est d’un confort parfait, le bureau vue sur l’eau accueille nos obligations ou nos pauses sucrées d’après-midi, et la salle de bain divisée en plusieurs espaces est un havre de bien-être, sobre et agréablement fonctionnelle. Et pour nous accompagner dans ce séjour serein, le personnel de l’hôtel, chaleureux et efficace, sait se rendre disponible sans s’imposer et gratifie chaque rencontre d’un sourire franc et d’une parole légère. De l’entrée en chambre au petit-déjeuner du lendemain, tous participent à ce que notre séjour dans ces lieux deviennent mémorable. Et quand le soleil de janvier se lève avec panache et inonde fièrement la salle du restaurant, le goût du premier café se teinte de celui des plus beaux souvenirs.

Propice à la concentration comme à la détente, on se surprend déjà à rêver de prolonger la halte, de prendre ses quartiers d’hiver et d’y revenir pour l’été indien : qu’il s’agisse de fouler la vieille ville à la suite des Rousseau, Balzac et autres Dürrenmatt (dont nous trouverons, charmés, un exemplaire sur la table de nuit), de découvrir l’étonnant cirque rocheux du Creux du Van ou d’honorer les traditions horlogère et chocolatière de la région, sous cette latitude, culture et nature se conjuguent avec mesure. L’hôtel Beau-Rivage, fièrement ancré sur la promenade, donne ce relief à nos flâneries solitaires ou amoureuses que seules les maisons avec une âme savent transmettre. Une étape délicate et vaporeuse, une pause idéale pour prendre le temps d’admirer cette nature qui s’offre sans détour.