Vancouver : fusion au cœur de l’hiver

Vancouver, c’est littéralement le far west. Bien que la ville canadienne soit aujourd’hui l’un des principaux hubs touristico-économiques de la côte Ouest du continent nord-américain, elle a conservé une ambiance de ville de pionniers qui n’est pas totalement étrangère à l’énergie spécifique portée par son principal festival de spectacles vivants, PuSh, au plein coeur de l’hiver.

Une ligne de fraction divise la vie culturelle et touristique en deux, l’indoors et l’outdoors, entre sculptures en plein air et musées d’art, entre l’écran géant et immersif de FlyOver Canada et le snowshoeing sur Grouse Mountain, entre les food trucks Japadog et l’exposition « Takashi Murakami » à la Vancouver Art Gallery. En session apéritive, avant les spectacles du soir, on pourra se laisser guider par la barmaid du délicieux Uva Wine & Cocktails, en plein centre-ville, formée à répondre à des demandes esthétiques et sensorielles du type : « Préparez-moi un cocktail aphrodisiaque, épais mais léger, avec des bulles, un aspect mousseux et un arrière-goût de gingembre ». Un Gin Gin Donkey ou un Mango Tango, peut-être ?

Uva Wine & Cocktail Bar / DR

Kate Winslet, après un tournage dans la région, est tombée amoureuse de la « nature incroyable, sauvage, merveilleuse » de cette ville coincée entre les montagnes et la mer. Et si Vancouver est une des villes les plus concernées par l’environnement de la planète, c’est aussi dû à son lien très particulier avec la nature et les Premières Nations. Tout dans le boutique hôtel The Listel est en mode écolo-friendly, du café biodégradable à la suppression de la centralisation lumineuse, jusqu’au tri sélectif dans les chambres. Dans la douche, il faut passer par l’eau froide pour obtenir l’eau chaude, et c’est une petite leçon de zen à moindres frais. Si vous circulez dans le coin du Listel, ne ratez pas Forage, restaurant sustainable et surtout parfaitement délicieux où même le carpaccio de bison provient d’un animal chassé et tué à mains nues par le chef quand il s’ennuie le dimanche.

Restaurant Forage / DR

En termes de populations, et donc de saveurs gastronomiques, Vancouver est avant tout une immense ville asiatique. A Chinatown, on trouve l’excellent Torafuku, restaurant branché qui propose une fusion de saveurs extrême-orientales, dans des métissages parfois expérimentaux mais toujours savoureux, originaux et frais. Car si Vancouver est avant tout un paradis pour les sports d’hiver, c’est plutôt la tiédeur apaisante des activités d’intérieur que l’on recherche, et il est facile de vouer un culte à la sainte trinité « shopping, gaming, fooding ». En témoigne le Dine Out Vancouver, festival gastronomique qui se déroule en même temps que le PuSh, fin janvier. Les tours Off the Eaten Track proposent un combo de 50 % de marche, 50 % dégustation, sortant des sentiers battus autour de l’ancien quartier olympique (souvenir fantomatique des Jeux d’hiver de 2010) et jusqu’aux abords de Mount Pleasant. Le quartier n’ayant aucune attraction touristique à proprement parler, c’est une grande prouesse du guide que de rendre le trajet de 2 h 30 un excitant périple urbain où l’on entend parler aussi bien d’immeubles sociaux préfabriqués que de boulangerie hipster dont le créateur, Félix, un Vancouvérois de 23 ans, produit une sympathique variante de Poilâne ; mais aussi et surtout de breweries aux 500 variantes de bières.

Le mot de Gertrude Stein : « Ce n’est pas tant ce que Paris donne, c’est ce que Paris n’enlève pas » pourrait tout aussi bien s’appliquer à la Vancouver du XXIe siècle : une ville qui permet de rester soi. Il ne tient alors qu’à nous, voyageur, festivalier, gastronome, de remplir l’espace-temps canadien avec son énergie propre.

Adresses citées :
PuSh Festival, The Listel Hotel, ForageUva Wine & Cocktail Bar, Off the Eaten Track, Torafuku, Dine Out Vancouver Festival.